Pauline Gravel, rédacteur scientifique de Le Devoir.com, interviewes Basilio Catania chez l'Université Concordia de Montréal. Dans son papier, intitulé "Bell Ambiguïté" (voir site Internet) elle souligne, à propos du procès intenté contre Antonio Meucci de part de la Compagnie Bell en 1885:
« Graham Bell n'a joué aucun rôle dans cette poursuite car il avait été licencié de la compagnie Bell Telephone dès 1879, tandis que le procès contre Meucci fut lancé en 1885 », précise Basilio Catania, qui se refuse à condamner celui qui a reçu tous les honneurs associés à l'invention du téléphone. « Il ne faut pas confondre la compagnie Bell et M. Bell, qui n'avait vraisemblablement rien contre M. Meucci. La théorie exposée par Bell sur la transmission de la voix par l'électricité est très brillante. Mais je crois qu'Alexander Bell n'était pas très versé dans les applications pratiques. »
Benedetta
Pignataro,
Assistant d'administration de la Fondation Communautaire
Canadienne-Italienne du Québec (8370, Lacordaire,
H1R 3Y6 St-Léonard, QC) a très activement
collaboré à la diffusion d'informations
historiques et scolaires concernants la vie et l'uvre
de Antonio Meucci. Nous reproduisons ci-dessous son essai,
qui a été préparé à
l'occasion de la visite à Montréal de Basilio
Catania. Même l'histoire d'une
des inventions qui ont le plus marqué
l'évolution de l'humanité, celle du
téléphone, fait partie de l'aventureux
entrelacement de joies et de peines de l'émigration
italienne.
Fasciné
comme il l'était par la recherche scientifique de tout genre,
Meucci lisait chaque traité qu'il pouvait se procurer et
dédiait tout son temps libre à la recherche, inventant
des nouvelles méthodes de galvanisation des métaux et
les mettant en application pour parfaire les équipements
militaires du gouvernement cubain; en même temps, il continuait
son travail pour le théâtre et poursuivait ses
expérimentations sans arrêt.
Le rideau se lève sur la scène du
théâtre La Pergola de Florence où
travaillaient Ester Mochi, couturière, et Antonio
Meucci, machiniste. Les magnifiques yeux d'Ester
ensorcèlent le cerveau d'Antonio et on arrive
bientôt au mariage, peu de temps après. On est
au mois d'octobre 1838. Les deux sont recrutés pour
diriger l'atelier de couture et le grand
théâtre de l'opéra qu'ils devaient
inaugurer dans la capitale de Cuba.
Ester et Antonio s'embarquèrent radieux vers Cuba,
rêvant de faire un peu d'argent et de retourner
à la maison.
Une invention sans laquelle aucun de nous ne pourrait vivre,
un instrument des communications modernes si important que
beaucoup d'activités commerciales et sociales de
notre monde actuel seraient inconcevables en son absence, le
téléphone, est au centre d'une série
d'événements si étranges qui nous font
penser "qui l'a fait?
La plupart d'entre nous avons appris à l'école
l'histoire d'Alexander Graham Bell, le personnage romantique
qui personnifiait l'inventeur impétueux et
envoûtant. Quelques unes de ces impressions favorables
devaient provenir de la fameuse légende de
l'invention, même si apocryphe, "Viens ici, Watson,
j'ai besoin de toi", une tradition renforcée par la
version filmée du conte, dans laquelle l'acteur Don
Amèche devint, d'une façon plus ou moins
permanente, la personnification de Bell.
Mais il semble que l'Histoire doive être
re-écrite si on veut rendre justice à un
immigrant venu de Florence, Italie, Antonio Meucci, qui
inventa le téléphone en 1849 et déposa
son premier brevet "caveat" (avis d'intention de prendre un
brevet) en 1871, en mettant en mouvement une série
d'événements et injustices mystérieux
qui seraient incroyables s'ils n'étaient pas aussi
bien documentés.
Meucci était un personnage énigmatique, un
homme ingénieux, très intelligent, toujours
curieux de découvrir quelque nouvel instrument pour
faciliter la vie aux autres, naturellement bon,
généreux et ingénu, un idéaliste
et un patriote, mais totalement inapte comme administrateur,
un homme tourmenté par son incapacité à
communiquer dans aucune autre langue que
l'italien1. Les événements
tragiques de sa vie personnelle et professionnelle, ses
réalisations et son association au grand patriote
italien Giuseppe Garibaldi devraient être suffisamment
légendaires en soi, mais, curieusement, l'homme et
l'histoire de ses inventions sont pratiquement inconnus
jusqu'à aujourd'hui.
Antonio Meucci naquit à San Frediano, près de
Florence, le 13 avril 1808. Il étudia dessin et
ingénierie mécanique à
l'Académie des Beaux Arts de Florence et ensuite il
travailla pour le théâtre La Pergola et en
différents autres comme chorégraphe et
technicien de scène jusqu'à 1835, quand il
accepta le poste de chorégraphe et technicien de
scène au Théâtre Tacon de la Havane,
Cuba.
À la Havane, la maison d'Ester et Antonio Meucci fait
partie du théâtre. Antonio s'occupe entre les
laboratoires et les entrepôts de la scène. Il a
un grand talent pour la physique et la chimie et chaque jour
il imagine des expérimentations futuristes.
Évidemment, il ne manque pas de qualifier ses
découvertes de "surprenantes diableries techniques de
la scène". Ester s'occupe de l'atelier de couture du
théâtre, vu que son salaire et celui de son
mari servent à peine à financer les
expérimentations d'Antonio. Ils restèrent
à Cuba pendant 15 ans.
Une
de celles-ci devait provoquer une série
d'événements fatidiques. Meucci avait
développé une méthode pour soigner la maladie
par des secousses électriques (électrochoc) qui
était devenue très populaire à la Havane. Un
jour, pendant qu'il se préparait à administrer un
traitement d'électrochoc à un ami, Meucci entendit
clairement la voix de celui-ci sur le fil de cuivre qui, courant
entre deux pièces séparées, le reliait à
son ami. L'inventeur se rendit compte tout de suite qu'il tenait
entre ses mains une invention beaucoup plus importante de toutes les
découvertes qu'il avait fait auparavant, et il dédia
les dix années suivantes à appliquer ce principe dans
la pratique. Pendant dix ans, il perfectionna l'appareil original et
chercha d'en promouvoir la commercialisation.
S'étant
fixé cet objectif, il laissa Cuba en 1850 pour aller
s'établir à Clifton, dans une partie du Staten Island,
à quelques kilomètres de la ville de New York.
Arrivé là, Meucci s'aperçut qu'en plus de ses
soucis d'ordre purement financier, il ne pouvait communiquer
adéquatement en anglais puisque, durant son séjour
à Cuba, il avait compté sur la ressemblance entre
l'italien et l'espagnol pour se faire comprendre et que, fut-ce par
paresse ou par manque de temps, il n'avait jamais appris
l'anglais1.
En outre, à Staten Island, il se trouva entouré par des
réfugiés politiques italiens; lorsque Giuseppe
Garibaldi fut exilé de l'Italie, il séjourna chez
Meucci. L'homme de sciences essaya d'aider ses amis italiens en
inventant un grand nombre de projets industriels, en utilisant des
vielles ou des nouvelles méthodes de fabrication pour des
produits aussi divers que la bière, les chandelles, les pianos
et le papier. Mais en ce qui concerne la bureaucratie, il n'en
connaissait rien, et ne put tirer profit même pas de ces
initiatives qui remportèrent un certain succès à
cause de fonctionnaires incapables ou sans scrupules, ou bien ces
argents furent dépensés par les réfugiés
eux-mêmes, qui passaient plus de temps à discuter de
politique qu'à travailler.
Entre
temps, Meucci continua à dédier ses journées
à perfectionner le téléphone. En 1854, lorsque
sa femme resta à moitié paralysée, Meucci
installa un système téléphonique qui reliait
diverses pièces de chez-lui à son laboratoire dans un
édifice adjacent, la première installation au monde! En
1860, quand l'appareil était devenu pratiquement fonctionnel,
Meucci organisa une démonstration pour attirer des
investissements financiers. Pendant la séance, les spectateurs
entendaient la voix d'un chanteur qui se trouvait à une
distance considérable. Une description de l'appareil fut
publiée bientôt dans un des journaux italiens de New
York et le rapport avec un prototype de l'invention fut porté
en Italie par un certain Monsieur Bendelari, afin de commencer la
production la-bàs. Mais ce voyage n'apporta aucun
résultat, pas plus que les promesses de soutien financier qui
auraient dû se réaliser tout de suite après la
démonstration.
Les
années qui suivirent, virent Meucci plonger amer et
découragé dans une pauvreté croissante.
Cependant, il continua à produire une série de
nouvelles inventions. Sa situation financière précaire
l'obligea souvent à vendre les droits de ses inventions, mais
sans qu'il put ramasser assez d'argent pour prendre le brevet final
sur le téléphone.
Un
incident dramatique, dans lequel Meucci fut grièvement
brûlé par l'explosion du bateau à vapeur
Westfield pendant qu'il revenait à New York, amena les choses
à un point encore plus dramatique. Pendant que Meucci,
miraculeusement encore en vie après l'accident, était
alité à l'hôpital, sa femme vendit plusieurs de
ses modèles de travail (et parmi ceux-ci le prototype du
téléphone) et d'autres instruments à un
brocanteur pour la somme de six dollars. Lorsque Meucci voulut
racheter ces précieux objets, on lui répondit qu'ils
avaient été achetés par un « jeune homme
inconnu », dont l'identité reste jusqu'à
présent un mystère.
Brisé,
mais non vaincu, Meucci travailla jour et nuit pour reconstruire son
invention et produire de nouveaux dessins et spécifications,
car il avait sans doute peur que quelqu'un lui vole son invention
avant d'en avoir obtenu le brevet. Étant dans
l'impossibilité de recueillir la somme requise pour un brevet
définitif (250$, somme considérable à
l'époque), il recourut au "caveat" ou avis d'intention, qu'il
enregistra le 28 décembre 1871 et renouvela en 1872 et 1873,
mais malheureusement pas après.
Tout
de suite après avoir reçu le certificat du caveat,
Meucci chercha de nouveau de démontrer l'énorme
potentiel de l'appareil, et en amena un modèle avec les
spécifications techniques au vice-président d'une des
compagnies affiliées à la compagnie nouvellement
établie, la American District Telegraph, en leur demandant la
permission de faire une démonstration de son
Télégraphe Parlant sur les fils de leur
réseau.
Toutefois,
chaque fois que Meucci contacta ce vice-président, un certain
Edward B. Grant, on lui répondit qu'il n'y avait pas eu de
temps pour organiser l'expérimentation. Après deux
années d'attente, Meucci demanda que son appareil avec les
spécifications techniques lui fut retourné, mais on lui
répondit qu'ils avaient été « perdus
». On était alors en 1874.
En
1876, Alexander Graham Bell pris le brevet, qui ne décrit pas
réellement le téléphone, mais se
réfère à celui-ci comme tel. Quand Meucci le
sut, il donna des instructions à son avocat de protester
auprès du Bureau des Brevets des États-Unis à
Washington (U.S. Patent Office), seulement pour apprendre que tous
les documents qui se rapportaient au « Télégraphe
Parlant » déposés dans le caveat de Meucci avaient
été « perdus ». Des enquêtes
ultérieures prouvèrent qu'il existait des liens
illégaux entre certains employés du Bureau des Brevets
et les hauts fonctionnaires de la compagnie Bell.
Et
plus tard, dans le cours du litige entre Bell et la Western Union, il
fut révélé que Bell accepta de payer à la
Western Union 20% des profits de la commercialisation de son
"invention" pour une période de 17 ans. Des millions de
dollars étaient en jeu, mais le prix pouvait être moins
cher que révéler des faits qu'il était mieux de
laisser cachés, selon le point de vue de Bell.
Dans
le procès de 1886, malgré le fait que les avocats de
Bell cherchaient de faire écarter la cause de Meucci contre
leur client, Meucci fut capable d'expliquer chaque détail de
son invention de manière si claire qu'il ne laissa planer
aucun doute sur sa véracité, malgré le fait
qu'il ne gagna pas la cause contre les forces supérieures, et
infiniment plus riches, mises sur le tapis par Bell. Malgré un
communiqué public émis par le Secrétaire
d'État d'alors affirmant que «Il existe des preuves
suffisantes pour donner la priorité à Meucci dans
l'invention du téléphone" et nonobstant le fait que les
États Unis intentèrent un procès pour fraude
contre le brevet de Bell, le jugement fut renvoyé
d'année en année jusqu'à ce que, en 1896, sept
ans après la mort de Meucci, le procès fut
abandonné.
L'histoire
de Antonio Meucci est encore peu connue, mais il s'agit d'un des
épisodesles plus extraordinaires de l'Histoire
américaine, malgré que ce soit un épisode dans
lequel la justice a été pervertie. Toutefois, le
génie et la persévérance d'un immigrant italien
- un génie en tant qu'inventeur, mais qui n'avait pas le sens
des affaires, tenace défenseur de ses droits contre des forces
incroyablement supérieures et une terrible pauvreté
&endash; c'est une histoire qui mérite et doit être
racontée » Antonio Meucci attend d'être reconnu
comme l'inventeur d'un élément-clé de notre
culture moderne. (voir l'ouvrage de Basilio Catania, en italien,
« Antonio Meucci -- L'inventeur et son temps»)
Seulement
l'admiration et l'affection des descendants rendront tardive justice
à Antonio Meucci, en transformant sa demeure en un des
musées les plus fréquentés de New York.
Dernièrement, le Sénat américain a reconnu la
vérité et la documentation laissée par Meucci a
démontré officiellement que c'est lui le vrai inventeur
du téléphone.
Notes de B.
Catania
1En
effet, Meucci parlait et écrivait très bien le
français et l'espagnol. La majeure difficulté pour
Meucci n'était pas l'anglais mais ... les gens de New York
(qui parlaient anglais)....
BASILIO CATANIA
Messieurs-Dames, chers amis et collègues,
C'est un grand plaisir pour moi de vous présenter un court résumé de l'uvre d'Antonio Meucci, après la Résolution passée à la Chambre des Représentants des États-Unis l'11 juin 2002.
J'imagine qu'aucun de vous peut se poser la question : « comment est-il possible que cette reconnaissance des mérites de Meucci s'avère beaucoup plus qu'un siècle après les événements qui établirent la priorité d'Alexander Graham Bell en ce qui concerne l'invention du téléphone et après la sentence condamnatoire de Meucci en 1887 ? »
Je pourrais vous répondre avec les mots d'un grand historien italo-américain, Giovanni Schiavo , qui définit la sentence condamnatoire de Meucci comme « indiscutablement une des plus éclatantes erreurs judiciaires dans les annales de la justice américaine" et comme "une des plus déshonnêtes sentences dans les annales d'Amérique et non seulement déshonnête, mais outrageusement offensive. » Mais je suis sûre que ça ne vous convaincrait pas. Naturellement M. Schiavo était correct et il supporta ses affirmations avec plusieurs argumentations légales. Mais, en effets, en ce qui concerne l'aspect technique, tout le monde pouvait bien penser que toute déclaration de M. Meucci faite en 1885, au procès qui le vit perdre, pourrait bien être influencée de la publication des deux brevets de M. Bell en 1876 et 1877.
Cependant, ce que M. Schiavo négligea fut le procès intenté par le Gouvernement des États-Unis contre M. Bell et la Compagnie Bell, qui avait précédé le procès contre Meucci de plusieurs mois et dans lequel le Gouvernement des États-Unis soutenait que M. Bell avait été précédé dans l'invention du téléphone par M. Meucci et par l'allemand M. Philippe Reis. En outre, le Gouvernement accusa la Compagnie Bell de jouer déloyalement en tentant d'obtenir, comme elle obtint, une sentence favorable a New York, tandis que les jeux plus importants se jouaient à Washington . Malheureusement, les avocats du Bell réussirent à traîner le procès pour une douzaine d'années jusqu'à novembre de 1897, quand, à cause des dépenses énormes supportées des deux parties, il fut décidé consentement de l'arrêter, sans vainqueurs ni vaincus. La Compagnie Bell s'engagea de ne tirer profit de l'inaction du gouvernement américain et pourtant de ne pas soutenir que Bell était l'inventeur du téléphone, mais l'histoire n'a pas tenue en compte ces promesses . . . .
Permettez mois de vous montrer ce qu'un haut officier du Gouvernement américain avait déclaré en relation à M. Meucci :
. . . . Il y a des épreuves que, dès 1849, Antonio Meucci initia des expériences avec l'électricité, en relation à l'invention d'un téléphone parlant. . . . Jusqu'à 1871, . . . bien que très pauvre pour la majeure partie du temps, il construit plusieurs instruments de types divers, avec lesquels il conversa, dans sa maison, avec sa femme et beaucoup d'autres. . . . Son témoignage est appuyé de sa femme et des affirmations sous serment d'un très grand nombre de témoins [52].
Il y a d'autres déclarations semblables au moyen d'autres officiers du gouvernement américain qui montrent très clairement que le gouvernement était en faveur de Meucci . Pourtant, la Compagnie Globe Telephone, qui avait acquis les droits de Meucci sur le téléphone, pensa qu'il était mieux de supporter l'action du gouvernement à Washington, plutôt que contraster l'action de la Compagnie Bell à New York . Juste pour vous donner une idée de l'engagement de la Compagnie Globe dans les deux procès, il suffit vous dire qu'elle déposa seulement deux affirmations sous serment (ou affidavit) au procès de New York, tandis qu'à Washington, elle en déposa bien 52. J'ajoute aussi bien que la qualité de ces derniers affidavits était d'une très grande importance et qu'ils jouèrent un rôle fondamental dans l'attitude du gouvernement américain à faveur de M. Meucci .
Entre les 52 affidavits j'en ai choisi un qui a été pour moi très éclaircissant : il s'agit de l'affidavit de M. Michel Lemmi, un avocat de New York et bon ami de M. Meucci, qui fit la traduction en langue anglaise du cahier de laboratoire de Meucci, se bornant aux parties concernant le téléphone, mais en reportant dans son affidavit les dessins avec lesquels Meucci avait illustré ses expériences téléphoniques.
Le schéma de Meucci de 1870 illustrant la charge inductive des lignes téléphoniques longue distance
Voici ci-dessus, un de ces dessins , daté 27 septembre 1870. On peut y voir quatre dispositions de ligne à longue distance, avec des téléphones électromagnétiques aux deux bouts de la ligne. Les téléphones sont schématisés avec leurs éléments essentiels, c'est-à-dire : un électro-aimant avec noyau cylindrique ou bien a fer à cheval, un diaphragme, une chambre de vocalisation, une boîte. Les deux bouts de la bobine sont connectés l'un à la terre, l'autre à la ligne : rien d'extraordinaire, jusqu'ici, spécialement pour le schéma N. 1. La nouveauté de ce dessin se révèle dans les schémas N. 2, 3 et 4, car on y voit des inducteurs insérés au milieu de la ligne longue distance ou bien, selon le schéma N. 4, entre la terre et l'appareil transmetteur ou récepteur.
Et bien, cette technique est bien connue aux ingénieurs de télécommunication et est appelée, en Italie (je crois en France aussi) « pupinisation », par ce qu'elle fut brevetée par M. Pupin en 1900 et ensuite appliquée dans tout le monde, car elle permettait d'améliorer la qualité du signal téléphonique, à parité de distance, ou bien d'augmenter la distance, a parité de qualité du signal téléphonique. La chose étonnante de ce document est que M. Meucci avait découvert cette technique trente ans auparavant. Aussi bien en cas on ne voudrait pas croire à la date apposée par Meucci sur son cahier de laboratoire, on doit croire à la date apposée sur l'acte notarié de dit cahier, c'est-à-dire le 28 septembre 1885, laquelle est, en tout cas, antérieure de quinze ans à la date des brevets de M. Pupin .
Il s'agit, donc, d'un document indiscutable et qui révèle la créativité exceptionnelle de Meucci et, dans le même temps, contredit l'affirmation des avocats de la Compagnie Bell selon laquelle le cahier de laboratoire de Meucci était une tromperie. Il montre aussi que la sentence contre Meucci, où le juge Wallace l'accusa d'avoir expérimenté avec des téléphones mécaniques&emdash; comme ces-là des jouets des enfants &emdash;était injuste, car un inducteur inséré à moitié d'un fil quelconque qui joigne deux boîtes aurait empêché, pas amélioré, la transmission de la parole. Donc, M. Schiavo était correct : la sentence de M. Wallace était terriblement injuste. À partielle excuse de M. Wallace et des avocats de la Compagnie Bell, on pourrait dire que, en 1887, quand dite sentence fut émise, on ne connaissait pas du tout la technique de la charge inductive, donc, aucun d'eux ne pouvait apprécier la découverte de Meucci .
La découverte de l'affidavit de M. Lemmi provoqua un changement de direction de ma recherche. En effet, je commençais à penser qu'il pourrait exister, dans le cahier de laboratoire de Meucci ou dans autres documents, des notes sur autres techniques téléphoniques avancées dont la Compagnie Bell n'était pas encore au courant au moment du procès à New York . Il fut ainsi que je découvris quatre ultérieures importantes techniques :
Le détaille concernant ces dernières techniques est exposé dans mon papier sur ETT, la revue technique Européenne sur les Télécommunications, que les organisateurs de cette rencontre seraient heureux de vous donner.
Je dois m'arrêter ici, à cause des limitations de temps que je dois respecter. Toutefois, laissez-moi vous référer une maxime de Meucci de 1865, concernant les si-dites inventions parallèles :
Je désire seulement rendre évident qu'elles peuvent exister deux pensées qui contiennent la même découverte et qui, en unissant les deux idées, pourraient plus facilement rejoindre la certitude sur une chose si importante. . . .
Merci de votre attention.
Montréal, QC, 9 Avril 2003
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Date last modified: 7 May 2003